Rachat de M6 par TF1 : le marché publicitaire télévisuel romand va être impacté
L’annonce du rapprochement du groupe TF1 avec celui de M6 va avoir des répercussions indirectes dans l’écosystème publicitaire suisse. Jusqu’à présent, les fenêtres publicitaires de TF1 étaient commercialisées par la régie Admeira (groupe Ringier) et celle de M6 par Goldbach (groupe Tamedia). Si l’on se réfère à ce qui a été annoncé, le nouveau géant de l’audiovisuel français sera dirigé par Nicolas de Tavernost, CEO de M6. On peut dès lors imaginer que l’inventaire publicitaire va être regroupé et vendu conjointement. Et par déduction, Goldbach part favori.
Les chaînes françaises plus fortes que le service public suisse
Donc si l’on additionne les chaînes de TF1, figurant dans les données Mediapulse* – TF1, TFX et celles de M6 – M6, W9, 6TER, on arrive à la situation suivante :
- sur les 15 + ans : groupe SSR (RTS1 et RTS2), la part de marché est de 27,9% et celle du groupe TF1+M6 DE 21,9
- sur les 15-59 ans: groupe SSR 23,9% et groupe TF1+M6 25,2%
- sur les 15-49 ans : groupe SSR 21,4 % et groupe TF1+M6 28,4%
- sur les 15-29 ans : groupe SSR 20,5% et groupe TF1+M6 30,6%
Le nouveau groupe français dépasse par conséquent pour la première fois l’audience de la chaîne publique suisse. En fonction de la régie qui va reprendre le mandat, on peut déjà estimer que le coût de la publicité TV va baisser compte tenu de la politique de rabais qui sont pratiqués sur le marché. Le volume publicitaire télévisuel en Suisse va perdre de sa valeur. Une bonne nouvelle pour les annonceurs qui ont redécouvert le média TV et pour les éditeurs (Ringier ou Admeira) qui vont pouvoir valoriser leurs combinaisons publicitaires print-web-tv et une mauvaise nouvelle pour le service publique suisse.
A noter que cette situation est unique au monde puisque seul le marché suisse autorise des chaînes de télévision étrangères (France, Allemagne) à vendre de la publicité locale au sein de ses plages publicitaires. Des centaines de millions qui quittent le territoire suisse sans être réinvesti dans des programmes locaux. Des sommes qu’il faut additionner aux investissements publicitaires sur les GAFAMs qui partent Outre-Atlantique.
*données Mediapulse- 2e semestre 2020